
Edvard MUNCH « Mélancolie » 1894/95
… l’invité libre de cette semaine est Bruno connu plus classiquement ici sous le nom de la Bruno de la Petite maison jaune (récemment de Bruxelles). Il me fait le plaisir de venir ici nous offrir sa contribution ouverte à l’expression non clivée de nos sensations et émotions. Il revendique le droit à la mélancolie et je le soutien de toute mes forces. Voici ici ce qu’il nous dit :
« Le droit à la mélancolie…
« Mais qu’est ce que tu es triste, souris donc !!!»
« Tu es d’une tristesse aujourd’hui, c’est très agréable, merci !!!»
« Tu as l’air mélancolique Bruno, tout va bien ? Tu as un problème ? »
Depuis toujours j’entends régulièrement ce genre de discours et plus particulièrement à chaque fois que je dois être présent sur une photographie.
Je n’y peux rien, dès que je souris, j’ai l’air triste et mélancolique et si je souris trop, j’ai l’air niais. Alors j’ai très rapidement préféré paraître triste et mélancolique que niais.
Je suis conscient de l’image que je peux donner parfois aux autres et de l’impression que je peux également laisser, d’autant plus que la tristesse et la mélancolie sont souvent présentes dans mon univers.
C’est pourquoi aujourd’hui, je souhaite revendiquer officiellement le droit à une certaine mélancolie tout en rassurant mes proches. En effet, ne pas sourire de manière commerciale ou paraître mélancolique n’est une preuve que tout va mal. Et pour rassurer encore plus mes proches (qui s’inquiètent parfois de mon état, je le sais, je le sens), mon réveil chaque matin s’effectue avec une certaine « joie de vivre ».
D’ailleurs, je connais de nombreuses personnes qui cachent leur mal-être derrière de très beaux sourires et un comportement très humoristique. C’est peut-être une forme de politesse, je peux le concevoir mais qui reste à mes yeux un peu pathétique.
La mélancolie n’est pas non plus pour moi une preuve de faiblesse, bien au contraire.
J’ai la sensation d’avoir toujours été comme cela et je reconnais que ma propre éducation culturelle n’a pas « arrangé » les choses. En effet j’ai très vite été attiré par des univers artistiques souvent sombres mais jamais totalement désespérés.
Car j’aime bien la notion « d’espoir » dans une œuvre (comme dans la vie d’ailleurs) et comme le chante Barbara même quand « tout est perdu », il ne faut pas oublier que « doucement l’aube revient quand même, même pâle, le jour se lève encore »
Et pour finir, je suis conscient que dans une société où tout doit briller, une société qui semble avoir un problème pour assumer le côté sombre des individus, le fait de revendiquer le droit à la mélancolique peut être considéré comme une provocation.
Mais j’assume totalement cette provocation car au fond de moi, je sais que je suis farouchement du côté de la vie, je sais aussi que je suis à l’écoute des « petits riens » quotidiens pas toujours perceptibles par tous mais qui me remplissent de joie et surtout je pense être (de manière peut-être prétentieuse) relativement doué pour le bonheur ».
Bruno de la Petite maison jaune de Bruxelles, 28 octobre 09
Merci à toi de venir avec toujours autant de plaisir ici et de participer avec grande joie à mes invitations impromptues… A très vite ici ou ailleurs ! La semaine prochaine j’espère avoir le plaisir d’accueillir comme Invitée Libre, Chris la toulousaine que j’aime tant… en espérant qu’elle acceptera cette humble invitation…