
dessin d’Achille B, février 08
… Quel plaisir de recevoir ce mercredi comme Invité Libre l’ami auteur, compositeur, chanteur Olivier Gallis qui de ses ambiances brumeuses et épiques nous raconte un (son) dimanche et nous dévoile ses pensées propices à la création d’une chanson… encore inédite (du moins je crois !) :
« Dimanche. Documentaire sur un domadorpatagon. Borges et Rulfo respirent derrière moi. Le chat s’en fout – tu peux toujours lui murmurer ce que tu veux à celui-là. L’homme est un héros, au sens ancien, ni-pompier-ni-urgentiste-encore-moins-aristocrate-de-robe-hyperactif, insaisissable, le mot rare, l’œil fendu, la main ferme, un caillou dans la plaine. Une figure à phantasme. Une énigme ? Non. Un philosophe de l’hémisphère sud : si les mots servent à dépouiller le réel, ici, nul besoin d’eux. Il dresse les chevaux sauvages, c’est-à-dire qu’il les rudoie ou les caresses ; c’est selon. Il les embrasse aussi. Il sait la distance.
Et puis il gagne. Des rodéos. Pour l’argent et pour gagner. On le chante. Comme Roland et Rodrigue.
Et il trimballe son fils dans son pick-up pourri pour lui montrer le chemin. Dans l’immensité. Il est temps de laisser la place.
L’homme qui ne tombe pas à pic.
Et tout cela c’est beau. Parce que c’est brut, ample. Exacerbé par le décor, bien sûr. Mais une équation simple. Parce que, comme l’écrit Rilke, il y a beaucoup de beauté partout, et dans l’homme et dans le paysage. Question de point de vue, de perspective – de choix.
Je pense à deux vers de Supervielle,
Je cherche une Amérique ardente et plus ombreuse… Quand les chevaux du temps s’arrêtent à ma porte…
J’attendais un murmure pour finir une chanson.
Amitiés,
OG
Mal à l’aise sur l’alezan – tu t’accroches à ce cheval
Tu t’accroches au fil des ans, tu repenses à Retamal
Vas-tu mordre la poussière… as-tu peur de la poussière…
Ce qui t’a poussé là :
Quelques pessos et l’ennui -l’ennui
Mais rassure-toi
On ne tombe jamais plus bas
Que terre
Tes amours américaines rangées en file indienne
Dans la ruade, bancal, vertige horizontal
As-tu trouvé ta place, seul en selle au final
Que la foule se défoule
Tu te fous de tout ça
Tu le sais bien
On ne tombe jamais plus bas
Que terre
Sens-tu venir le vent qui s’offre à tes lèvres
L’enfant s’éveille
Te ressemble sûrement
Qu’importe la poussière
Dompter ce cheval
Rodéo dans ce désert
A la longe la montagne
Te surveille
Gagne
Et rassure-moi
On ne tombe jamais plus bas
Que terre »
Un grand merci à mon ami Olivier Gallis d’avoir joué le jeu de cette invitation, les mots, la création, le sens des liaisons, la terre comme repos, les histoires qui finissent ailleurs… le tout mixé pour nos oreilles sélectives… Il sera en concert bientôt ici : le 27 mars à Bordeaux, tribute Daho @La Politique et le 12 avril au Bokal, deux perspectives sonores agréables à ne pas rater…
La semaine prochaine… l’invité(e) libre sera teinté(e) de surprise…